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Quatorzième semaine : 19-25 juillet
La semaine de tous les records (avant la semaine prochaine) ! Ces derniers jours ont été exceptionnels, avec une météo enfin clémente, des entretiens super variés et des paysages à couper le souffle. Avec un grand soleil tous les jours, j’ai pleinement profité de cette semaine extraordinaire côté vélo, avec des passages dans les Vosges, le Jura et les Alpes et un dénivelé positif accumulé record (je frise les 7000m sur la semaine).
Des cols à foison
Lundi, j’ai poursuivi ma traversée de l’Alsace au départ de Colmar. J’ai hésité à continuer la route des vins (qui m’avait impressionnée la veille entre Strasbourg et Eguisheim), mais j’ai finalement préféré me frotter aux ballons vosgiens qui me narguaient sur ma droite. Après une montée très progressive par la vallée de Munster (célèbre pour son fromage de caractère), j’ai gravi le terrible col du Platzerwasel puis le col du Grand Ballon, plus haut sommet des Vosges, avec une vue à couper le souffle sur toute la plaine d’Alsace. Ensuite, longue descente jusque dans la campagne haut-rhinoise.
Le lendemain, je pénètre dans le Territoire de Belfort, seule partie de l’Alsace a être restée française après la défaite de 1871 (le département est nommé “arrondissement subsistant du Haut-Rhin” jusqu’en 1922) mais qui a été rattachée à la Franche-Comté y compris après la réintégration de l’Alsace. Je quitte Belfort, dominée par une monumentale sculpture de lion que l’on retrouve en format plus modeste place Denfert-Rochereau (celui qui a défendu la ville face à l’ennemi) à Paris, et suis la rivière du Doubs qui forme des méandres cernés de gorges impressionnantes et sauvages jusqu’à Besançon.
Je ne m’étais jamais rendu en Franche-Comté. J’ai été séduit par cette région verte et vallonnée, qui regorge de curiosités comme la Saline royale d’Arc-et-Senans (au programme du mercredi) et de villes célèbres pour leurs fromages de caractère comme Morbier. Après le Doubs (le département) vient le Jura et je découvre la jolie ville de Lons-le-Saunier, où est né Claude-Joseph Rouget de Lisle, auteur de La Marseillaise.
Vendredi, nous nous élançons avec un ami de Bourg-en-Bresse (prononcer Bourk svp) pour ce qui est l’étape-reine d’À portée de roue : 150 kilomètres et 3000 mètres de dénivelé positif jusqu’à Annecy. Beaucoup de montées donc (7 cols au total), des descentes fabuleuses dans des territoires sauvages, des ouvrages remarquables comme le viaduc de Cize-Bolozon qui enjambe l’Ain… Nous franchissons le col de la Biche, classé Hors-Catégorie lors du Tour de France 2017, avant une descente jusqu’au Rhône. Le fleuve traversé, nous voilà en Haute-Savoie (mais géologiquement, toujours dans le Jura, vous suivez ?). Il faut encore suivre la cours du Fier et grimper progressivement jusqu’au magnifique lac d’Annecy, au cœur des Alpes.
Après une journée de repos bien méritée, je m’élance d’Annecy ce dimanche à travers le massif alpin des Bauges. Deux cols au programme (Leschaux et Plainpalais), qui me paraissent moins ardus comparé à ce que nous avons vécu vendredi, mais qui permettent de découvrir des points de vue inoubliables sur les reliefs escarpés des Alpes. J’ai donc des étoiles dans les yeux ce dimanche soir en repensant à cette semaine qui m’a beaucoup marquée, c’est toujours difficile pour moi de partager les émotions ressenties lors de ce voyage mais parfois tout tient en trois mots : vive le vélo !
Le récap’ des entretiens
Avec huit entretiens au programme, il va sans dire que cette semaine a été particulièrement chargée et riche en enseignements (cela tient également à la nature des départements traversés, tous frontaliers de l’Allemagne ou de la Suisse et marqués par une forte identité locale). Voici un (trop) bref résumé de ce que j’ai appris :
A Colmar, j’ai été reçu par Brigitte Klinkert, ministre déléguée chargée de l’Insertion et conseillère d’Alsace, en sa qualité d’ancienne présidente du conseil départemental du Haut-Rhin. Elle m’a présenté sa vision décentralisatrice de la politique, matérialisée par la fusion des deux départements alsaciens le 1er janvier 2021 (la Collectivité européenne d’Alsace) qui est une première étape vers la mise en pratique du principe de différenciation des territoires.
J’ai ensuite échangé avec le député de la 1ère circonscription du Haut-Rhin, Yves Hemedinger, au sujet de l’ancrage territorial des députés (selon lui, la loi sur le non-cumul des mandats ne dispense pas les députés d’être présents dans leur territoire) et du conseil citoyen qu’il a mis en place, formé de cinq collèges (citoyens tirés au sort, associations, entreprises, syndicats, élus des collectivités de la circonscription) pour travailler avec les différents acteurs sur le périmètre de sa circonscription.
Lundi après-midi, j’ai appelé Julien Freyburger, vice-président du conseil départemental de Moselle, maire de Maizières-les-Metz et président de la communauté de communes Rives de Moselle. Nous avons parlé du projet d’Eurodépartement de la Moselle qui vise à obtenir des compétences élargies (notamment sur le plan de la coopération transfrontalière) sur le modèle de la Collectivité européenne d’Alsace mais aussi du besoin de lisibilité sur le plan des réformes territoriales après plusieurs lois successives qui ont transformé l’organisation des collectivités.
A Belfort, j’ai rencontré Samuel Dehmeche, vice-président du Grand Belfort. Nous avons parlé des fragilités préexistants du Territoire, qui a souffert notamment des retraits progressifs d’Alstom et General Electrics (parfois érigés en symboles de la désindustrialisation en France), mais aussi des difficultés liées à la fusion de la région Bourgogne-France-Comté.
A Besançon, j’ai été accueilli par Kevin Bertagnoli, adjoint à la maire en charge de la démocratie participative, Sébastien Coudry, conseiller au Grand Besançon chargé de la vie étudiante et du numérique et Hervé Groult, chef de cabinet de la maire de Besançon, pour évoquer de nombreux sujets chers à la nouvelle majorité municipale : les innovations en termes de participation citoyenne (notamment permis par des liens renforcés avec d’autres villes comme Annecy), le vaste chantier de la rénovation des écoles ou encore le projet d’éco-quartier dans le quartier prioritaire de la Planoise.
Jeudi, j’ai fait halte à Lons-le-Saunier pour rencontrer Sandrine Gauthier-Pacaud, maire de Mesnois (200 habitants) et présidente de l’Association des maires du Jura. Nous avons parlé des conséquences du repli de l’État au niveau local, qui assurait une aide neutre et identique aux projets des petites communes, alors que les aides des conseils départementaux favorisent souvent les communes de la même couleur politique. Nous avons également abordé le sujet des intercommunalités dans les territoires ruraux, qui selon elle peuvent fonctionner dès lors qu’il n’y a pas un bourg-centre trop important avec un poids démesuré au conseil communautaire.
A Bourg-en-Bresse, j’ai rencontré vendredi Lucie Roesch, sous-préfète, directrice de cabinet de la préfète de l’Ain, pour parler de ce département plein de contrastes (entre plaine de la Bresse et montagnes du Bugey, entre territoires ruraux et banlieues de Lyon et Genève) et du problème d’attractivité des métiers de la fonction publique déconcentrée dans un département où le coût de la vie n’est pas compensé dans les indemnités perçues par les fonctionnaires.
Enfin, j’ai pu échanger à Annecy avec Joëlle Derippe-Perradin, conseillère municipale d’opposition (après deux mandats dans la majorité municipale) sur l’envers du décors d’une ville attractive où il fait bon vivre et le climat politique particulièrement instable depuis les élections de 2020.
Place aux Alpes, de la Savoie à la Méditerranée, au cours d’une semaine qui s’annonce exigeante ! À la semaine prochaine,
Bosco