Dix-septième semaine : 9-15 août
Avec le Rhône en fil conducteur, cette semaine m’a permis d’entamer ma remontée depuis la Méditerranée jusqu’à la Tour Eiffel, ligne d’arrivée d’À portée de roue que je franchirai le mercredi 1er septembre (pour ceux qui souhaitent venir fêter cela, c’est ici). Une semaine marquée par la canicule et la découverte de massifs magnifiques.
Le long du Rhône et quelques détours
En prologue de cette semaine le long du Rhône, et après avoir enfin effectué les réparations mécaniques nécessaires, je rejoins mardi après-midi Arles depuis le Lubéron, en passant par le massif des Costes et des petits villages provençaux comme Rognes ou Lambesc. Je me dis que j’entame le dernier chapitre de mon aventure, avec désormais Paris comme horizon, plein nord.
Accompagné d’Antoine, la “semaine caniculaire” commence mercredi… en Camargue, le seul endroit plat de Provence, mais inhospitalier, sauvage et sans pitié. De longues lignes droites n’offrant aucune fraicheur, jusqu’au pied des Alpilles, petit massif de toute beauté que l’on franchit avec une vue incroyable sur les Baux-de-Provence. Ce village, ancienne forteresse médiévale, a donné son nom à la bauxite, minerai d’aluminium exploité jusqu’à l’épuisement du filon au XIXème siècle.
Jeudi, nous longeons le Rhône en passant par 5 départements en à peine soixante kilomètres, jusqu’à Pont-Saint-Esprit. Quelques coups de pédale de plus et nous voilà en plein dans les gorges de l’Ardèche (la rivière), qui fend les Monts d’Ardèche et nous conduit dans le Vivarais. Une bonne baignade s’impose, agrémentée d’une sieste à l’ombre. Nous repartons ensuite pour 35 kilomètres jusqu’au pied du col du Bénas, que nous gravirons le lendemain.
De bonne heure, nous quittons à Lussas notre abri de fortune sous lequel nous avons dormi en craignant un orage qui n’a jamais grondé (et qui aurait rafraîchit l’air…). La montée est exigeante, et la longue descente en lacets jusqu’à Privas somptueuse. Après une pause dans la plus petite préfecture de France (à peine 8 000 habitants), dont on disait autrefois qu’il s’agissait de la seule préfecture qui n’avait pas de feu rouge, nous suivons une ancienne voie de chemin de fer désaffectée et reconvertie en piste cyclable jusqu’au bord du Rhône, laissant à regret ce magnifique département derrière nous. Une bonne baignade s’impose, agrémentée d’une sieste à l’ombre. Il ne reste plus que quelques kilomètres ensuite jusqu’à Valence, où Antoine me quitte pour d’autres aventures.
Samedi, rebelote, seul cette fois. Je suis le Rhône pendant plus de 80 kilomètres sous un soleil de plomb, il fait 36°C et je n’ai que des pensées liées à l’eau et au froid. Je pédale tout cela d’une traite pour arriver à Condrieu, apparemment une célèbre appellation de vin, même si je préfère largement visiter sa base nautique. Une bonne baignade s’impose, agrémentée d’une sieste à l’ombre. La journée n’est pas finie : tout au long de cette étape, le massif du Pilat dominait la vallée. La nostalgie du Jura, des Alpes et de la Corse me décide à me frotter à deux de ses cols, à plus de 1200m d’altitude (sachant que les bords du Rhône sont à 100m). J’attends donc que le soleil décline pour m’attaquer au col de l’Oeillon, interminable, offrant une vue somptueuse sur la vallée de plus en plus rosée en contrebas. Seul au sommet, je décide d’installer mon hamac au milieu des pins coiffant ce massif très vert.
Je me réveille dimanche matin à 1200m d’altitude, émerveillé par la lumière du petit matin sur la vallée du Rhône. L’étape du jour sera exténuante, puisque après le massif du Pilat et la redescente jusqu’à Saint-Chamond dans la vallée du Gier, il me faut traverser les Monts du Lyonnais, grimper 4 cols entre 700 et 900m d’altitude à chaque fois. C’est beau, mais je suis très heureux d’arriver à Saint-Pierre-la-Palud pour enfin me reposer.
Le récap’ des entretiens
Au milieu du mois d’août, je dois avouer que j’obtiens des rendez-vous beaucoup moins facilement qu’avant… J’ai tout de même pu organiser trois rencontres (sur 6 départements traversés) des plus intéressantes :
A Aix-en-Provence, j’ai discuté avec la députée Anne-Laurence Petel, qui a été rapporteure d’une mission d’information sur les entreprises en difficulté face à la crise sanitaire. Nous avons partagé le constat que des entreprises de secteurs identiques ont été touchées différemment (tourisme international sur la côte d’Azur vs. tourisme local) et qu’il y a eu plus d’aides pour les entreprises qui s’arrêtaient que pour celles qui reprenaient. Sur un tout autre sujet, nous avons longuement parlé du rôle primordial du maire en termes de transition écologique : en tant qu’élu le plus identifié, c’est à lui qu’incombe la mission de pédagogie d’autant plus si la politique écologique est menée à l’échelle d’une métropole comme Aix-Marseille.
J’ai rencontré ensuite à Valence Nicolas Michel, référent départemental La République En Marche, accompagné de Lisa et Valentin, deux membres du comité. La Drôme est un département incroyablement divers, à la fois industriel (sillon alpin de Valence à Romans) et très agricole (grosses cultures dans les Baronnies, petites polycultures dans le Diois), qui a montré une certaine résilience face à la crise. Nous avons évoqué les difficultés normatives et le parti pris de certaines collectivités drômoises de simplifier, comme le conseil départemental l’a fait avec un Schéma des solidarités unique en lieu et place des 5 plans préexistants.
Enfin, à Saint-Pierre-la-Palud, commune de 2500 habitants des Monts du Lyonnais, je me suis entretenu avec Morgan Griffon, maire et conseiller départemental, et Annie Rostagnat, première adjointe. La discussion a porté aussi bien sur le lien entre croissance économique et écologie (et le rôle du maire pour arbitrer entre un projet de développement et l’artificialisation) que sur les méfaits des “chocs de simplification” sur le plan territorial qui s’accompagnent souvent de raccourcis.
La semaine prochaine s’annonce un peu plus clémente au niveau des températures, ce qui sera bienvenu ! Plus qu’une grosse quinzaine de jours avant le retour à Paris, je vais profiter à fond et allonger les distances pour titiller la barre des 10 000 kilomètres avant Paris… Un peu ambitieux peut-être mais qui sait ?
Je vous laisse avec un petit article paru dans La Provence cette semaine après mon entretien avec la députée Anne-Laurence Petel à Aix-en-Provence.
À très vite !
Bosco