[Toutes mes excuses pour la version de la lettre que vous avez reçue cet après-midi et qui était un premier brouillon… Voici la version finale qui ne s’était pas enregistrée au moment de l’envoie, ce sont les joies du travail en itinérance…]
Bonjour tout le monde ! Je rédige tranquillement cette lettre dans un transat au bord de la Sarthe, dans le beau village de Fresnay, au terme d’une première semaine particulièrement riche. En deux mots, après avoir sillonné les routes franciliennes entre passages agréables le long des canaux mais aussi quelques grosses routes bien polluées, j’ai tourné le dos à Paris jeudi pour traverser la vallée de Chevreuse puis la Beauce jusqu’à Chartres, et ai poursuivi à travers les magnifiques villages du Perche. Une belle première semaine, des échanges constructifs, je vous explique tout ça !
Un départ en douceur ?
Les quelques premiers jours ont été assez singuliers : le coup d’envoi était donné, mais ne me déplaçant qu’en Île-de-France je n’ai pas eu l’impression de partir à l’aventure. J’ai découvert des passages assez sympa, comme les bords de Marne du côté de Créteil ou la confluence de l’Oise et de la Seine à Conflans-Sainte-Honorine, mais je connaissais l’essentiel des chemins empruntés. Ce n’est que jeudi où, vent de dos, nous avons roulé avec l’ami Charles à travers la belle vallée de Chevreuse. Charles m’a un peu abandonné après avoir cassé la chaîne de son vélo, première petite galère du voyage. J’ai continué à travers les champs céréaliers de la Beauce jusqu’au petit village de Berchères-Saint-Germain, où j’ai été accueilli par un couple très sympathique, passionnés de vélo, très sportifs et qui ont même eu la gentillesse de me montrer les paons qu’ils gardaient dans leur jardin. Le lendemain, la route m’a conduit devant la cathédrale de Chartres puis progressivement les routes moins larges et les premières collines annonçaient le Perche. Vent de dos toujours, j’ai filé jusqu’à Alençon, après une grosse étape de 153km assez inoubliable, je ne me sentais presque pas fatigué à la fin ! C’est Aurélien, un Alençonnais de 24 ans qui roule en vélomobile, qui m’a gentiment hébergé. Samedi, j’ai ouvert le journal Ouest France et y ai trouvé un petit article à propos d’À portée de roue, très sympa. Une bonne journée de repos dans une très belle petite ville, qui m’a permis de me requinquer avant une étape à travers les vallées de la Sarthe et les Alpes Mancelles (quelques côtes tenaces en effet) qui devrait me conduire jusqu’au Mans ce soir !
Bref, le moral est bon, les jambes sont là, je profite à fond de cette liberté !
Un tour d’Île-de-France pour commencer…
Déjà 7 entretiens menés cette semaine, dans tous les départements d’Île-de-France (sauf la Seine-et-Marne) puis à Alençon, avec une grande variété d’élus et des divergences politiques notables quant au rôle que devraient jouer les collectivités.
Au niveau municipal, je me suis rendu dans deux villes de tailles comparables (~50 000 habitants) de la petite couronne parisienne mais aux réalités sociologiques et économiques opposées ; Montrouge, ville aisée des Hauts-de-Seine et Bobigny, ville populaire en Seine-Saint-Denis. L’impact de la crise économique y est très différent, avec d’une part une ville très bien connectée à Paris dotée d’un tissu dense et plutôt tertiaire, qui devrait connaître un fort rebond économique, et d’autre part une ville fortement affectée par la baisse brutale de la demande pour les petits commerces et fragilisées par la perte de nombreux emplois précaires (intérim notamment) pendant la crise. Il faut noter que les élus que j’ai rencontrés (Jean-Pierre Daviaud, maire-adjoint UDI chargé des relations avec les entreprises et Antoine Bouchez, élu d’opposition divers gauche à Montrouge ; José Moury, Premier adjoint PCF à Bobigny) ont des positions plutôt critiques vis-à-vis de la Métropole du Grand Paris, jugée éloignée des habitants, peu lisible et inefficace. En outre, José Moury s’est montré critique envers l’insuffisance des aides de l’État et certains blocages administratifs empêchant la ville de répondre à ses besoins en termes de logements sociaux.
Au niveau départemental, j’ai eu la chance de m’entretenir tout d’abord avec Christian Favier, président PCF du département du Val-de-Marne, à Créteil. Grand défenseur des départements en tant qu’échelon indispensable à la démocratie locale, nous avons beaucoup parlé des vagues successives de décentralisation dont il pointe les dérives dans son ouvrage, Coup d’État contre les départements, qu’il m’avait envoyé avant notre discussion. Le Val-de-Marne est un département extrêmement affecté par la crise puisque de nombreux emplois dépendent des chaînes de valeur liées aux activités du secteur aérien à Orly, qui a été fermé lors du premier confinement (une première historique !). Les grands chantiers comme la constructions des lignes 14 et 15 du réseau Grand Paris Express sont ainsi des locomotives de la relance dans ce département. Dans le Val-d’Oise, qui répond à des problématiques très différentes, avec un territoire souvent exclu des projets franciliens (le département est quasiment absent de la Métropole du Grand Paris, et seule une des 68 gares du chantier du Grand Paris Express s’y construira), la présidente (LR) du département Marie-Christine Cavecchi m’a accueilli dans son bureau pendant près de 2h30. Elle m’a notamment parlé de l’importance de soutenir l’enseignement supérieur et la recherche : le département du Val-d’Oise est l’un des seuls à le faire, en finançant notamment en partie l’association CY Campus destinée à faire rentrer le pôle de Cergy-Pontoise parmi les 500 plus grands universités mondiales dans les dix ans.
Enfin, j’ai également pu échanger avec deux députés. À Versailles, j’ai rencontré Jean-Noël Barrot (MoDem), actuellement chargé par le gouvernement d’une mission sur “l’accompagnement et le rebond économique des territoires” et qui réalise à ce titre un tour de France à la rencontre d’acteurs économiques dans chaque région. Via Zoom, j’ai pu discuter avec Pierre-Alain Raphan (LaREM), qui a insisté sur le rôle de la transition numérique comme moteur du rebond économique et sur le besoin de mesurer et de rendre transparente l’action politique.
… puis cap à l’Ouest !
Bon, je n’ai pas réussi à trouver d’interlocuteur à Chartres, mais ce n’est que partie remise en visio pour plus tard ! Du coup, j’ai eu plus de temps vendredi pour pédaler et j’ai décidé de travers le Perche, magnifique région un peu vallonnée. Cela m’a conduit jusqu’à Alençon, où j’ai échangé avec Romain Bothet, maire-adjoint (PS) à l’attractivité et à la transition écologique, au cours d’une balade à travers la ville, histoire de me présenter concrètement les projets de transition menés et d’illustrer la stratégie d’Alençon de se démarquer par une belle qualité de vie pour lutter contre la baisse du nombre d’habitants caractéristique de certaines villes moyennes. Le maire, Joaquim Pueyo, nous a même rejoint au cours de cette promenade pour me faire part de son amour pour cette belle ville.
Et voilà, j’espère que cette lettre vous intéressera, n’hésitez surtout pas à me faire des retour ou à partager cette lettre ! À la semaine prochaine,
Bosco et Magellan