Le paon du jardin de Tarbes
Lettre d'information #9 - À portée de roue
Au terme de deux semaines intenses en Occitanie, me voici dans le jardin Massey de Tarbes face aux Pyrénées, à côté d’un magnifique paon qui m’observe vous raconter la sixième semaine de mon aventure. Une semaine où je me suis régalé côté vélo, rythmée par quatre entretiens avec des élus de bords politiques et d’échelons variés. Je vous raconte tout cela.
L’Occitanie de long en large
La semaine a été particulièrement intense, sans jour de repos. Mais quelle région magnifique et variée que l’Occitanie ! Lundi, j’ai quitté Toulouse par les collines pour ensuite longer le Tarn jusqu’à Albi en passant par des villes aux tons rouges comme Gaillac ou Rabastens. J’ai été enthousiasmé par Albi, dont le centre historique est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. J’ai pu discuter avec mon hôtesse des avantages de cette reconnaissance internationale mais aussi de ces inconvénients dans cette ville carte postale qui abrite également le cinquième quartier le plus pauvre de France. Si les actions municipales tendent à soutenir le tourisme avec la création de grandes places minérales pour accueillir des concerts ou la construction d’un Grand Théâtre, Albi n’échappe pas au “sort des villes moyennes” et aux fermetures des commerces de centre-ville.
Mardi, je pédale à travers les belles collines de l’Albigeois avant d’entrer dans le Quercy Blanc et des villages comme Bruniquel dont le château domine l’Aveyron. Je continue le lendemain jusqu’à Cahors, via le charmant village de Castelnau-Montratier, et m’arrête de longues heures face au pont Valentré, lui aussi inscrit au patrimoine de l’Unesco au titre du chemin de Saint-Jacques de Compostelle.
Après trois jours dans les collines, je décide de prendre le train jusqu’à Montauban pour longer le canal des deux mers jusqu’à Agen, une étape 100% plate où je bats tous mes records de vitesse. A Agen, je parcours le “boul’piéton”, l’artère commerçante qui traverse la ville. Comme à Albi, cette grande voie est toute minérale, et comme il fait près de 30°C, le ressenti est infernal : il faut absolument revégétaliser là où c’est possible !
Je passe ma fin de semaine à traverser le Gers de long en large. Je n’avais jamais mis les pieds dans le pays de d’Artagnan, la Gascogne, et j’ai été enchanté par les villages de pierre dans le nord (La Romieu et sa collégiale) et de terre dans le sud (Montesquiou), en passant par des anciennes places fortes médiévale comme Bassoues et la mythique Marciac connue dans le monde entier pour son festival de jazz. Des moments incroyables mais probablement les étapes les plus casse-pattes à vélo depuis le début avec une succession incessante de petites montées bien raides.
4 entretiens, 4 échelons différents
J’ai fait la rencontre mardi dernier de Jean-François Rochedreux, maire de Saliès, une petite commune à côté d’Albi, et vice-président de la communauté d’agglomération du Grand Albigeois en charge notamment du Plan climat intercommunal. Écologiste convaincu, nous avons parlé de la responsabilité de l’élu local en matière environnementale, de la nécessité d’être formé aux enjeux énergie-climat et d’être capable d’autonomie sur le plan énergétique. Selon lui, il faut systématiquement appliquer les trois principes de l’association négaWatt : sobriété, efficacité énergétique et énergies renouvelables. À ce titre, il a lancé des expérimentations originales sur la commune, comme une enquête en collaboration avec l’université Champollion d’Albi sur la perception de la sobriété énergétique, ou encore de l’éco-pâturage grâce à des ânes.
À Agen, jeudi, j’ai eu un entretien avec Gaël Corre, directeur adjoint du cabinet de la présidente du conseil départemental de Lot-et-Garonne. Nous avons balayé de très nombreux sujets, comme le rôle historique du département sur le plan économique avec la création d’une agropole à Agen, une pépinière d’entreprises agroalimentaires qui incube des jeunes pousses et a un rôle de formation. La perte de la compétence économique avec la loi NOTRe de 2015 a conduit à la création d’un service internalisé, l’AT47, qui propose des aides d’ingénierie aux communes du département sous forme de guichet unique. Le département est en outre innovant du point de vue de la coopération interdépartementale, avec l’opération du 47 dans nos assiettes qui permet d’approvisionner la Gironde voisine en produits de circuits-courts, le département disposant d’une grande variété de cultures (70 productions différentes !). Cela fait écho à des discussions que j’avais eu dans le Cantal, dont l’agriculture repose presque uniquement sur l’élevage et qui ne peut pas mettre en place une politique de circuits courts : les mécanismes de coopérations interdépartementales sont une solution.
Dans le Gers, j’ai rencontré à Saint-Clar le maire Damien Taupiac, également président du PETR Pays Portes de Gascogne, et Olivier Boucherie, le directeur du PETR. Les PETR (pôles d'équilibre territorial et rural) sont des syndicats mixtes qui regroupent des intercommunalités souhaitant travailler ensemble dans une démarche ascendante. C’est ce qui m’a paru extrêmement utile : le PETR se voit confier des missions par les cinq intercommunalités ce qui permet des coopérations de grande ampleur. Par exemple, alors que seules les intercommunalités de plus de 20 000 habitants doivent mettre en place obligatoirement un Plan climat, le PETR a proposé un Plan climat commun aux 5 territoires (dont trois sont en-dessous du seuil légal). En outre, le PETR a signé un contrat de réciprocité avec la Métropole de Toulouse avec l’objectif de développer des tiers-lieux pour attirer des employés haut-garonnais en territoire gersois.
Enfin, j’ai rendu visite à Auch à Jean-René Cazeneuve, député LREM de la première circonscription du Gers et président de la Délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation. Dans ce cadre, il avait publié en juillet dernier un rapport sur l’impact de la Covid-19 sur les finances publiques locales. Selon lui, après clôture des comptes, l’impact est maîtrisé, de l’ordre de 4 milliards d’euros pour l’ensemble des collectivités, avec des dépenses en hausse de 1,8% en 2020. Le Parlement a d’ailleurs voté des systèmes de garantie pour que leurs recettes ne soient pas inférieures à la moyenne des trois années précédant la crise.
Voilà, c’est tout pour cette semaine ! Alors que j’approche du tiers du projet, c’est l’occasion pour moi de faire un petit point : j’aimerais savoir comment améliorer cette lettre d’information et m’adapter à ce que vous voulez connaître. Je publierai peut-être cette semaine un deuxième point d’étape (pour rappel, le premier est accessible ici) ainsi qu’un premier point sur la mission un peu construit sur les quatre thèmes identifiés avant mon départ. Mais comme toujours, cela va dépendre de la fatigue accumulée et de ma récupération :)
À très bientôt !
Bosco