De la Haute-Auvergne aux Cévennes
Lettre d'information #7 - À portée de roue
Au terme de la quatrième semaine, je vous écris depuis Arles, aux portes de la Camargue (enfin un peu de plat après des moments difficiles à travers les vallées encaissées du sud du Massif central). Avec seulement trois entretiens, j’ai bien eu le temps cette semaine de m’émerveiller face à des paysages saisissants, mais aussi face à des plats régionaux délicieux ou à l’occasion de belles rencontres.
Des étapes carte postale
Lundi, après les fortes émotions liées aux rafales de vent en Haute-Loire de dimanche dernier, Météo France annonçait des trombes d’eau (vigilance orange de nouveau, mais cette fois pour inondations…). J’ai baissé les armes et décidé de prendre le train directement jusqu’à mon étape suivante, à Saint-Flour. Un repos non-mérité mais très utile, surtout au regard de ce qui m’attendait le reste de la semaine. J’ai en effet traversé mardi le Cantal d’est en ouest, une étape exigeante sous la pluie, pendant laquelle j’ai puisé beaucoup de soutien en parlant aux nombreuses vaches (bien plus nombreuses que les êtres humains ce jour-là), passant de Saint-Flour à sa rivale Aurillac. Mercredi, je quittais progressivement la Haute-Auvergne, la végétation s’épaississait petit à petit jusqu’à ce que je plonge dans les gorges du Lot et remonte une petite rivière encaissée, le Dourdou, en passant par la magnifique ville de Conques (étape mythique du chemin de Saint-Jacques) et le rougier de Marcillac, jusqu’à Rodez, une ville louée pour sa qualité de vie, à juste titre je crois.
Jeudi a été l’une des plus belles journées à vélo de ma vie, en dépit d’un temps un peu maussade. J’ai pris la route à partir de Millau, et ai remonté le Tarn sur la légendaire RD907 bis, construite au début du XXème siècle et qui a permis de désenclaver des villages qui n’étaient autrefois reliés que par la rivière. Des gorges impressionnantes de beauté pendant 80km, jusqu’à la ville de Florac, à partir de laquelle j’ai entamé l’ascension du col du Rey (992m) avant une magnifique descente jusqu’à Saint-Etienne-Vallée-Française, ville-étape du chemin de Stevenson dans les Cévennes. J’ai dû mettre pied à terre en pleine descente à cause d’un troupeau de vaches tranquillement posé au milieu d’une départementale, hum. Vendredi, je suis passé progressivement des Cévennes à la Provence, une étape facile jusqu’à Arles à travers les vignes, les platanes et les oliviers.
Au-delà de la partie vélo, j’ai rencontré des hôtes incroyables qui m’ont fait découvrir de bonnes spécialités régionales : une bonne truffade à Aurillac, une aligot aveyronnaise, du laguiole (comme du cantal, mais fabriqué grâce à des vaches Aubrac et non des Salers), des cornets de Murat… Un délice !
Trois entretiens dans des départements ruraux
J’ai entamé cette semaine par un appel avec Caroline Barre, maire-adjointe non-encartée du Puy-en-Velay, chargé des travaux et des finances. Nous avons parlé des spécificités de cette ville, située en Auvergne mais davantage tournée vers Lyon et Saint-Etienne que vers Clermont-Ferrand. La fusion avec le Rhône-Alpes s’est donc semble-t-il mieux passée que dans d’autres territoires, avec par exemple la mise en place de projets culturels ambitieux (le spectacle Puy de lumières sur le modèle de la Fête des lumières lyonnaise depuis 2017). L’optimisme est présent pour le rebond : la ville regagne de la population pour la première fois depuis les années 1970, et vient d’être nommée deuxième ville de 10 000 à 20 000 habitants où il fait bon vivre après Rodez.
Mardi après-midi, j’ai eu la chance de m’entretenir avec Bruno Faure, le président LR du conseil départemental du Cantal. Parmi les nombreux sujets que nous avons évoqué, celui de la fracture numérique a attiré mon attention. Afin d’attirer les opérateurs dans ce territoire rural, le département, doit financer en partie les installations de fibre optique. Bien sûr, c’est l’État qui paye une grande partie de ces montants, mais le conseil départemental doit financer également une part. Or, dans un département comme le Cantal qui dispose de recettes plutôt basses (les recettes des départements reposent en partie sur les frais de notaires et dépendent donc du marché immobilier) et conformément au principe d’universalité du budget des collectivités territoriales (l’ensemble des recettes doit servir à couvrir l’ensemble des dépenses), cette part est conséquente, limite les investissements et est considérée comme une injustice vis-à-vis des départements qui n’ont rien à payer car les opérateurs y font des investissements rentables.
Enfin, j’ai effectué un appel dimanche soir (d’où le retard de cette lettre d’information) avec Sophie Pantel, présidente PS du département de la Lozère. Ce département rural est peu touché par la crise économique et confiant dans ses perspectives de rebond. Nous avons évoqué le rôle du département, qui semble être le bon échelon dans les territoires ruraux pour mener des politiques proches des habitants avec des moyens importants, mais qui souffre d’un manque d’autonomie en temps de crise : ainsi l’État a-t-il interdit fin 2020 aux départements volontaires de contribuer au Fonds Tourisme Occitanie, puisque les aides directes ne relèvent pas des compétences de la collectivité.
Le Massif central, c’est terminé ! Je me dirige désormais vers les Pyrénées, en longeant la mer Méditerranée. Je vous souhaite une excellente semaine, à très vite !
Bosco