Cap à l'est
Lettre d'information #15 - À portée de roue
Encore une semaine palpitante avec son lot de petits pépins et de bons moments, des Ardennes à la Haute-Saône en passant par la Champagne ou la Bourgogne. Même si j’ai parcouru moins de distance que d’habitude, j’ai découvert avec ravissement plusieurs régions qui m’étaient inconnues, avec un coup de cœur pour la montagne de Reims et les Petites Vosges, et de très jolies villes comme Châlons-en-Champagne ou Bar-le-Duc. J’ai également mené sept entretiens très enrichissants.
Des Ardennes à la Haute-Comté
Je vous avais quitté la semaine dernière avec des pépins mécaniques qui s’enchaînaient sous la pluie. Lundi matin, je me trouve en effet à Charleville-Mézières avec une jante fissurée, et pas de magasin de vélo ouvert. Je suis donc contraint de prendre le train pour mon étape suivante, Reims, avec cette frustration de voir les paysages défiler et s’effacer aussitôt de l’autre côté de la vitre. C’est donc une journée un peu poussive que je passe, en téléphonant à pas moins de 12 vélocistes différents afin de trouver la roue qui me manque (dans un contexte de pénurie mondiale de pièces pour vélo qui est très préoccupant).
Mardi, après avoir enfin pu changer de roue, je profite à fond d’une étape assez courte qui me conduit de Reims à Châlons-en-Champagne, sur des petites routes qui serpentent à travers les célèbres vignobles de la montagne de Reims. J’ai l’impression d’une vague verte prête à m’engloutir à chaque virage. Sur la route, je croise les extraordinaires faux de Verzy, avant de filer droit le long du canal de la Marne jusqu’à Châlons-en-Champagne.
Mercredi, je traverse la plaine champenoise, recouverte de champs (betterave, blé, pommes de terre) s’étalant à perte de vue, sans rien pour troubler la ligne d’horizon hormis quelques villages tous les 15 kilomètres. Après le panneau indiquant l’entrée dans la Meuse, le paysage change enfin et je suis la jolie et verdoyante vallée de l’Ornain jusqu’à Bar-le-Duc, qui comme Laon est coupée entre une ville haute et une ville basse.
Je suis l’Ornain jusqu’à sa source le jeudi, avant de pénétrer dans les petites Vosges, contreforts des Hautes-Vosges situées plus à l’est. C’est une région très verdoyante qui a beaucoup de charme et que je découvre avec grand plaisir. Je fais étape à Bourbonne-les-Bains, une station thermale (la deuxième plus importante au nord de la Loire) confrontée aux défis des petites villes fortement affectées par la crise économique. Le lendemain, je suis épaté par une courte étape dans les petites Vosges, très verte avec beaucoup de bosses et (une fois n’est pas coutume !) sous le soleil. Après avoir pris le train à Culmont (et partagé un délicieux café avec le chef de gare en dissertant sur le relatif déclin de la SNCF), je passe le week-end à Dijon, riche capitale de la Bourgogne. Le dimanche, cap vers la Franche-Comté en suivant la Saône (belle rencontre avec ce couple de randonneurs de l’Ain qui remonte la rivière jusqu’à sa source depuis Mâcon, petit à petit, chaque week-end depuis un an) jusqu’à Vesoul, qui se pare de jolies couleurs au coucher du soleil, avec la chanson de Jacques Brel en tête (pourquoi s’appelle-t-elle Vesoul alors que les premiers vers évoquent Vierzon ?).
Le récap’ des entretiens

A Charleville-Mézières, j’ai rencontré quatre élus municipaux et échangé sur leurs délégation : Salah Chaouchi (adjoint à l’environnement) m’a parlé des projets carolomacériens comme le Pacte de la transition écologique signé par la ville, Patrick Fostier a évoqué le problème de la multiplication des schémas d’urbanisation et des trop longs délais, Nassima Itouchene et Céline Roynette m’ont enfin parlé de l'importance de la participation citoyenne avec la création d'une assemblée des habitants par quartier.
A Châlons-en-Champagne, ma rencontre avec le préfet de la Marne Pierre N’Gahane a porté notamment sur les conséquences du mouvement des gilets jaunes sur l'organisation déconcentrée de l'État et l'importance accrue de la proximité représentée par les préfectures de département.
A Bar-le-Duc, j’ai été accueilli par Jérôme Dumont, tout juste élu président du conseil départemental de la Meuse, et Hélène Sigot-Lemoine, vice-présidente du département. Même si la fusion en une grande région Grand Est pose des problèmes identifiés dans les autres grandes régions fusionnées, cela a permis des avancées notables comme le plan fibre qui a gagné 8 ans pour la Meuse.
Entretien très enrichissant avec Bertrand Pancher, député de la première circonscription de la Meuse et président du groupe parlementaire Libertés et Territoires, qui m’a parlé du nécessaire choc démocratique (généralisation des débats publics, instauration de la proportionnelle à l’Assemblée nationale) et du choc de la décentralisation (voire de la régionalisation), réformes prioritaires selon lui.
A Bourbonne-les-Bains, en Haute-Marne, j’ai discuté avec André Noirot, maire de la commune depuis 1989, sur l’importance du département face à des petites structures comme les intercommunalités des territoires ruraux qui n’ont pas de moyens suffisants, et sur le manque de renouvellement des élus locaux.
J’ai ensuite discuté avec Benoît Bordat, adjoint au maire de Dijon, notamment à propos de la démocratie participative et de l’importance des commissions de quartier (qui ont obtenu un budget autonome dès 2008, avant même que la mise en place de budgets participatifs ne se généralise dans les grandes villes françaises) pour créer un esprit de quartier et une identité nécessaire au renouveau démocratique.
Enfin, j’ai rencontré à Dijon Danyl Afsoud, sous-préfet, directeur de cabinet du préfet de la Côte d’Or, ce qui m’a permis de mieux comprendre l’articulation entre les différents services de l’État dans les régions et la nécessité de déconcentrer l’action publique.
Au programme de la semaine prochaine : essayer d’échapper autant que possible aux gouttes de pluie en Lorraine et en Alsace. La forme est là, aucun problème côté motivation, les personnes que je rencontre tous les jours sont formidables et j’apprends des milliards de choses, donc en un mot : touvabien.
A très bientôt !
Bosco