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Dix-huitième semaine : 16-22 août
J’ai eu le sentiment cette semaine que le gros du dénivelé était bien derrière moi : entre rives de la Saône, de l’Allier et de la Loire, entre canal du Centre et canal du Nivernais, seul le Charolais un temps m’a offert quelques montées un peu sèches. J’ai tout de même découvert des campagnes magnifiques et des villes surprenantes, et je m’étonne de continuer à être surpris à seulement dix jours de l’arrivée à Paris (vous pouvez toujours participer à l’événement du 1er septembre en cliquant ici).
Lignes droite et vaches charolaises
Après une semaine éprouvante sous la canicule, j’ai ressenti le besoin de me reposer pendant toute la journée du lundi, dans le havre de paix que représente la maison de ma grand-mère près de Lyon. J’ai donc repris la route mardi, de Lyon à Mâcon, le long de la Saône, sur un chemin de halage cabossé et poussiéreux. Une étape plus compliquée que prévue, car il était nécessaire d’être les yeux rivés devant le guidon tout du long pour éviter les nids de poule, heureusement que ma cousine m’a accompagné pendant une trentaine de kilomètres ! Je découvre donc Mâcon, chef-lieu de la Saône-et-Loire posé au bord de la Saône (juste de l’autre côté du pont, c’est l’Ain, donc l’Auvergne-Rhône-Alpes, il me semble que c’est le seul chef-lieu dans cette situation (il y a aussi Valence, chef-lieu de la Drôme, mais l’Ardèche en face appartient à la même région)) qui abrite le plus grand port intérieur de plaisance de France.
Le lendemain, après avoir continué de longer la Saône pendant 35 kilomètres vers le nord, je pars à la découverte du Charolais, bien sûr célèbre pour ses vaches couleur crème “réputées pour leurs qualités bouchères mais aussi pour leur forte croissance, leur rusticité et leur docilité” (Wikipédia) et couvert de belles forêts s’ouvrant sur des vignes et des beaux châteaux (je conseille Cormatin, visité l’an dernier et qui vaut le détour). Ce n’est pas tout plat, je prends beaucoup de plaisir, et j’arrive après 130 kilomètres à Paray-le-Monial, animée en cette période de pèlerinages de jeunes. J’installe mon hamac au bord du canal du Centre (où passe d’ailleurs la piste cyclable reliant Nantes à Constanta en Roumanie) et c’est parti pour une nuit au sec… à l’exception de 9 minutes de pluie entre 1h45 et 1h54 qui me trempent pour le reste de la nuit : l’horreur.
Je suis donc dans une forme toute relative lorsque je démarre jeudi matin dès 6h. Le joli pont-canal de Digoin justifie une halte petit-déjeuner (et passage sur les ondes de Radio Bresse) avant de traverser la Loire à Bourbon-Lancy. Me voilà dans l’Allier (gentilé : Bourbonnais, eh oui) sur de longues lignes droites perçant une campagne heureusement très jolie. Il s’agit d’un des deux seuls départements que j’aurai traversé deux fois avec les Bouches-du-Rhône : j’étais passé à Montluçon avant de sillonner l’Auvergne en mai et avait découvert une jolie ville au passé industriel et en perte de dynamisme. Je découvre cette fois la ville administrative de Moulins, qui tire son épingle du jeu justement grâce au socle des emplois de fonctionnaires mais aussi grâce à des attraits touristiques comme le musée des costumes d’envergure nationale. L’Allier présente la particularité d’être divisée en trois grands pôles, le troisième autour de Vichy, ville davantage touristique (grâce au thermalisme et au passé historique).
De Moulins, je longe ensuite l’Allier, affluent sauvage de la Loire, en passant Apremont-sur-Allier (labellisée Les Plus Beaux Villages de France) puis le bec d’Allier, peu avant Nevers, pour une étape paisible. Je découvre l’archétype d’une ville moyenne avec un centre-ville de plus en plus abandonné (triste image que la “rue des faïenceries” où ne restent que des panneaux indiquant l’emplacement de ces boutiques ayant fait la richesse de la ville) en dépit d’efforts certains pour redynamiser la ville (Maison de la Culture, mise en valeur du tombeau de Sainte Bernadette de Lourdes, antenne de l’Université de Bourgogne…). Nous sommes samedi, et après avoir traversé la Loire, me voici dans le Berry. La campagne est jolie, mais… c’est plat et rectiligne à travers des champs exposés au vent.
Je vous l’avais dit, j’ai décidé d’accélérer pour la dernière ligne droite de ce voyage : pas de jour de pause envisageable ! Je décide donc dimanche de faire un petit tour de la région le dimanche plutôt que de me reposer, une centaine de kilomètres sans sacoches (ça change tout !) à travers un Berry beaucoup plus séduisant que la veille : des vignobles, des collines, des forêts (la “Sologne berrichonne”) et pour finir un vieux canal charmant pour rentrer à Bourges.
Le récap’ des entretiens
Quatre entretiens au menu de cette semaine :
A Lyon, j’ai rencontré Jean-Charles Kohlhaas, vice-président écologiste de la métropole de Lyon aux transports et vice-président délégué du SYTRAL (l’autorité organisatrice des transports du Grand Lyon et du département du Rhône). Nous avons discuté de la façon d’aborder les transports d’une métropole (davantage comme une science humaine que comme une science dure) avec le cas du projet de transport par câble, mieux accepté dans les villes et quartiers soit populaires (désenclavement), soit très aisés (pas de problème de mobilité dans l’ultra-centre), que dans les endroits plutôt aisés (où l’on compte encore essentiellement sur la voiture).
Je me suis entretenu à Tournus avec Cécile Untermaier, députée PS de la 4ème circonscription de Saône-et-Loire depuis 2012, sur le rôle des parlementaires au niveau local et sa proposition de spécifier ce rôle local dans la Constitution qu’elle défend dans son ouvrage Le Parlement du futur. Prenant l’exemple du projet de création d’un parc naturel régional dans la Bresse Bourguignonne, il apparaît que son rôle en tant qu’élue nationale est de défendre ce type de projets de territoire.
A Avermes, commune de la première couronne de Moulins, j’ai discuté avec Carine Pandreau, adjointe au maire notamment chargée des solidarités et de la jeunesse, qui m’a parlé du développement rapide de sa commune (et plus largement de l’agglomération de Moulins qui regagne des habitants depuis quelques années) notamment lié à la ligne ferroviaire directe avec Clermont-Ferrand et Paris et la stratégie de construction de pavillons “qui poussent comme des champignons”.
Enfin, j’ai rencontré à Bourges Renaud Mettre, maire-adjoint délégué aux sports et conseiller départemental du Cher. Au cours de cette discussion très dense, il m’a notamment présenté sa vision d’élu local non-encarté et sa volonté de faire participer les associations aux décisions politiques. Par exemple, les critères d’attribution des subventions de la ville aux associations sportives de Bourges, autrefois simplement attribuées en fonction du nombre d’adhérents et du nombre d’adhérents de haut-niveau, ont été redéfinis directement par les associations elles-mêmes, ce qui a permis de faire émerger des critères comme l’impact sur le rayonnement de la ville ou l’impact sur l’environnement.
Je continue de sillonner la région Centre et vous souhaite une belle semaine, à bientôt !
Bosco