

Discover more from À portée de roue
[Avec quatre jours de retard, voici enfin la lettre d’information de la semaine n°8 d’À portée de roue !]
Une semaine à filer presque tout droit vers le nord, jamais très loin de l’océan Atlantique, une semaine de transition rapide entre le sud-ouest (Périgord, Angoumois) et la Bretagne à travers des territoires sublimes, une semaine riche et dense côté entretiens, bref, je me suis replongé directement dans ce voyage après la petite coupure du week-end dernier.
La West Coast française
J’ai eu l’impression cette semaine de percevoir encore plus que d’habitude les transitions entre des régions très variées et toutes plus magnifiques les unes que les autres. Lundi, j’ai traversé le Périgord, recouvert d’une forêt plus dense que dans les Landes, avant brusquement (presque juste après le panneau indiquant l’entrée en Charente) de m’attaquer à des collines exigeantes et beaucoup plus dégagées. Le lendemain, je suivais le cours de la belle Charente et m’en écartait souvent pour pédaler dans les vignobles du Cognaçais. Une multitude de paysages en deux jours, mais une constante : la très élégante pierre blanche des centres historiques de Périgueux, Angoulême, Cognac ou Saintes.
En entrant en Vendée mercredi, j’ai été surpris de découvrir un territoire contrasté entre les marais au sud, prolongement naturel de l’Aquitaine, et les collines du bocage. J’imaginais un département assez cohérent sur le plan géographique, et même sur le plan historique car je pensais que la Vendée était le premier département que je traversais qui avait le nom d’une province et non d’une rivière ou d’une montagne. Cela est faux : la Vendée est bien une petite rivière qui se jette dans la Sèvre niortaise, mais comme l’écrit l’historien Jean Yole, “Alors que toutes les provinces sont devenues des départements, la Vendée est le seul département qui soit devenu une province” à la suite du soulèvement des Vendéens en 1793 qui a forgé une identité forte.
Jeudi, j’ai parcouru les plaines du nord de la Vendée jusqu’à franchir la Loire pour la deuxième fois de mon voyage, six semaines après l’avoir passée à Angers, avant de passer une partie de l’après-midi à visiter Nantes, entre concert d’une fanfare face au château des ducs de Bretagne et promenade au bord de l’Erdre. Mon étape de vendredi, à travers des petites routes de campagne, m’a mené jusqu’en Bretagne à Vannes, où j’ai découvert un centre médiéval de toute beauté.
La mission reprend de plus belle
Cette semaine a été particulièrement rythmée du côté des entretiens, je vous résume donc cela de façon succincte.
À Périgueux, nous avons évoqué avec Hélène Reys, adjointe à la maire en charge de la transition énergétique, la difficulté de mettre en place des politiques publiques de rupture (piétonnisation, végétalisation, etc.) mais pourtant nécessaires pour mener la transition énergétique. Nous avons également parlé des nouvelles formes de participation et de leurs limites (ce sont souvent les mêmes grosses associations bien identifiées qui sont lauréates des fonds du budget participatif et non des candidats sans soutien préalable).
À Angoulême, j’ai discuté avec le maire Xavier Bonnefont à propos des conséquences de l’élargissement à 38 communes du Grand Angoulême qui pose des problèmes organisationnels et financiers, puis avec son adjointe à la vie quotidienne, Véronique de Maillard, au sujet des moyens mis en place par la ville pour rattraper son retard en termes de mobilités douces (plan trottoir, phase de test pour les bus à hydrogène). J’ai aussi relevé le fonctionnement spécifique du budget participatif angoumoisin, fondé sur le vote des citoyens présents à la cérémonie du budget participatif, ce qui évite justement l’écueil identifié à Périgueux de vote en ligne massif pour les associations connues.
Toujours à Angoulême, mon entretien avec Pierre de la Dure, directeur du cabinet du président du conseil départemental de Charente, a notamment porté sur le recours systématique à la contractualisation pour rationnaliser la relation entre le département et le bloc communal et améliorer l’efficacité des projets menés en commun.
Aux Gonds, à côté de Saintes en Charente-Maritime, j’ai été reçu par le maire Alexandre Grenot, également vice-président de la communauté d’agglomération de Saintes et du conseil départemental de Charente-Maritime. Nous avons évoqué les lourdeurs administratives auxquelles doivent faire face les petites communes (un exemple très concret : il est impossible d’acheter un broyeur de branches commun à cinq communes car la TVA ne peut pas être divisée en cinq parties) et le rôle d’exemple que doit jouer l’élu local pour réconcilier le citoyen avec la politique.
J’ai ensuite rencontré à La Roche-sur-Yon Yves Auvinet, président du conseil départemental de la Vendée. Au menu de notre entretien : les raisons de la bonne santé de l’économie vendéenne post-crise (la principale force de ce département est d’avoir une économie répartie sur l’ensemble du territoire), le besoin de donner des moyens aux collectivités, et le besoin de créer un nouveau maillon qui permette de rassembler les initiatives prises sur toutes les thématiques par les départements afin de renforcer les liens de coopération interdépartementaux.
À Nantes, Marie Vitoux, conseillère à la ville et à la métropole de Nantes en charge de l’économie sociale et solidaire, m’a parlé de la nécessité de croiser des projets locaux pour mener plusieurs combats à la fois (par exemple, la politique des quartiers prioritaires de la ville et l’ESS) ainsi que des Bureaux des projets qui permettent de financer des projets citoyens jusqu’à 5000€.
La semaine s’est achevée vendredi à Vannes avec un entretien avec Joël Mathurin, préfet du Morbihan tout juste entré en fonction. Nous avons donc parlé des forces et des fragilités du Plan de relance au niveau territorial, du rôle de chef d’orchestre des préfectures dont la légitimité a été renforcée par la crise, mais aussi des liens à renforcer avec le conseil départemental.
Voilà, une semaine très dense s’achève, une nouvelle semaine 100% bretonne m’attend et s’annonce tout aussi exigeante. À très bientôt !
Bosco