Déjà deux semaines que j’ai quitté Paris. J’ai découvert Le Mans et ses alentours vallonnés, Laval et le chemin de halage le long de la Mayenne, Angers et son château des ducs, Niort la “Venise verte”, Poitiers et ses maisons à colombages, et enfin Limoges et ses remparts dominant la Vienne. Je continue d’apprendre tous les jours, de m’émerveiller de la beauté des régions que je traverse, d’échanger avec des élus passionnés par leur territoire.
Déjà un début de fatigue ?
Heureusement, il a encore fait beau presque toute la semaine, et je me suis régalé au fur et à mesure que les paysages changeaient, que les grandes étendues cultivées du Niortais succédaient aux forêts de la Gâtine et aux côteaux de l’Anjou. Si je me plais tant à nommer les régions naturelles que je traverse, c’est bien parce qu’un des premiers enseignements de ce voyage est que ce sont à celles-là, et non aux départements voire aux grandes régions administratives, que les gens s’identifient le plus souvent. Après tout, les départements ont été créé au début de la Révolution française pour remplacer les provinces de l’Ancien régime, d’où une volonté de casser le sentiment d’attache à un territoire en les nommant par des noms de rivières ou de massifs montagneux (et encore, sans l’insistance de Mirabeau, chaque département aurait formé un simple carré de 18 lieues terrestres de côté). Cela n’a toutefois pas suffit à faire oublier les régions traditionnelles, et c’est en pédalant que je m’aperçois des changements de régions : lorsque la route devient plus sinueuse, lorsque les toits de tuile succèdent aux toits d’ardoise, lorsque les vergers succèdent aux champs de blé.
Bref, je me surprends souvent à rêvasser, il faut dire que j’ai eu de quoi faire cette semaine avec près de 23h passées sur le vélo ! J’ai franchi la barre des 1 000 kilomètres samedi, au cours d’une étape particulièrement difficile dans le Haut-Limousin, entre Poitiers et Limoges. À l’arrivée, j’ai été accueilli par surprise par deux amis, et nous avons passé un week-end génial à Limoges.
Je repars donc plus motivé que jamais alors que le Massif central se dresse face à Magellan et moi la semaine prochaine !
A l’ouest, des territoires peu affectés par la crise économique
5 entretiens étaient au programme cette semaine. J’ai d’abord rencontré, au Mans, Blandine Affagard, conseillère municipale PS déléguée au développement et à l’attractivité commerciale. Nous avons parlé du rôle crucial d’accompagnement de la commune pour les commerçants, particulièrement affectés par la crise économique, en complément des aides d’urgence versées par l’État. La ville du Mans mène plusieurs projets en ce sens, notamment la création d’une foncière destinée à acheter des commerces pour les réhabiliter et les louer à un tarif avantageux et ainsi redynamiser des rues un peu moribondes. À Laval, j’ai eu un échange passionnant avec Olivier Richefou, président UDI du département de la Mayenne, un territoire relativement peu affecté par la crise économique du fait de sa robustesse (la Mayenne a un taux de chômage parmi les plus bas des départements, autour de 5%) et d’un tissu d’entreprises patrimoniales tournées historiquement vers l’agriculture mais aussi l’industrie. Le conseil départemental cherche donc à pourvoir des emplois et a lancé une importante campagne d’attractivité tournée vers les entreprises en 2018.
Mon entretien à Angers, avec Hélène Cruypenninck, adjointe LREM à l’environnement et aux espaces verts, et Patrick Gannon, conseiller municipal LR délégué au vélo, s’est révélé très fructueux. Nous avons parlé principalement des grands projets de la ville en matière de transition écologique, et notamment l’organisation des Assises de la transition écologiques pendant lesquelles les habitants de la métropole ont pu participer à des Fresques du climat, et ont soumis près de 1 000 propositions concrètes qui seront examinées par le conseil municipal. Il faut en outre mentionner qu’un contrat de transition écologique (CTE) de 300M€ a été noué avec l’État, ce qui représente le plus gros contrat de ce type en France pour structurer les projets existants. À Niort, nous avons discuté pendant près de 2h avec Franck Paulhe, directeur général des services du conseil départemental des Deux-Sèvres, et Hervé Cochetel, directeur du cabinet du président LR du conseil départemental. Cela m’a semblé extrêmement intéressant d’avoir le point de vue non politique de M.Paulhe, qui voit le conseil départemental comme une entreprise et à ce titre a engagé une transformation en profondeur de l’organisation de l’institution, qui fait preuve d’un dynamisme et d’une souplesse exemplaires. La question du rapport à l’État a été largement abordée, mes deux interlocuteurs se montrant très critiques vis-à-vis de la tutelle imposée par les services centraux et préfectoraux sur les collectivités territoriales, réduite à de simples “petites mains de l’État”.
J’ai conclu ma semaine avec un échange avec Léonore Moncond’Huy, maire EELV de Poitiers, qui m’a exposé sa vision de la relance, qui ne doit pas forcément reposer sur des grands projets de long-terme mais surtout répondre à l’urgence et permettre la montée en gamme d’anciens projets. Nous avons également longuement discuté de la nécessité de créer du lien et de mobiliser les habitants (par exemple, une communication plus performante autour du Budget participatif a permis de recueillir deux fois plus de propositions en 2021 que les années précédentes).
Petit sondage
Bien évidemment, je ne vous raconte qu’une toute petite partie de tout les sujets que nous abordons au cours des entretiens, qui durent souvent près de 2h. Je suis en train de structurer mes notes et aimerais bien livrer quelques réflexions d’ici la semaine prochaine ! Quel sujet vous intéresse le plus ?
Votre réponse ici !
C’est tout pour cette semaine, n’hésitez pas à me faire quelques retours où à me joindre si vous voulez creuser certains sujets, je serai ravi de répondre à vos questions !
Allez, plein de bonnes ondes limousines, bonne semaine et à très vite !
Bosco
Hello Bosco ! trop chouette ton périple, tu vas revenir, comme Ulysse, plein d'usage et raison ;)
Cela m'intéresserait beaucoup de savoir si les mesures qui sont prises pour la transition écologique, mais aussi pour la gestion de la crise sociale, sont vraiment "politisées"... tu rencontres des élu·e·s de tous bords politiques je pense... j'ai mon idée sur la question, évidemment, mais si ça se trouve, elle est fausse... localement, confrontés aux problématiques concrètes de leurs concitoyen·ne·s, les élu·e·s sont beaucoup plus pragmatiques et font le choix de solutions "efficaces" plutôt que purement politiques.... j'aimerais avoir ton avis, une fois que tu auras réuni assez de témoignages et d'exemples !